Environ 130 garçons prépubères bénéficient chaque année en France d’une cryopréservation de tissu testiculaire immature (TTI) en vue de préserver leur fertilité. Cette technique est encore expérimentale et les modalités d’utilisation de ce tissu en vue de restaurer la fertilité restent à mettre au point chez l’humain.

Dans ce contexte, une avancée majeure a été rapportée dans le revue Sciences du 23/03/2019 (Fayomi, A. P. et al. Autologous grafting of cryopreserved prepubertal rhesus testis produces sperm and offspring. Science 363, 1314–1319 (2019).

Une équipe américaine dirigée par Kyle Orwig a procédé à l’autogreffe de tissu testiculaire immature sur des macaques prépubères castrés. Les greffons ont été déposés, frais ou décongelés, sous la peau du dos ou du scrotum des animaux, avec ou sans ajout de matrigel, un promoteur de néovascularisation. Quelques mois après la greffe, tous les animaux montraient des signes d’entrée en puberté avec des taux sériques physiologiques de testostérone. Huit à 12 mois post-greffe, les greffons, d’un poids 5 fois supérieur à leur poids initial, présentaient tous des signes de maturation avec la présence de spermatozoïdes dans les tubes séminifères. La congélation, l’ajout de matrigel ou le site de greffe étaient sans effet sur les résultats observés. Les spermatozoïdes obtenus de la dilacération mécanique ou enzymatique des greffons puis utilisés en ICSI ont permis le développement d’embryons jusqu’au stade blastocyste. Le transfert d’un blastocyste frais a conduit à la naissance le 16 avril 2018 de Grady, pour GRAft Derived babY, une femelle macaque en bonne santé.

Ce travail apporte l’espoir pour la première fois que du tissu testiculaire congelé de jeunes patients pourrait par autogreffe maturer, produire des spermatozoïdes fonctionnels donnant naissance par ICSI à une progéniture en bonne santé. Le temps est venu de la translation clinique à des hommes infertiles survivant d’un cancer de l’enfance, ayant préserver du TTI et souhaitant devenir père.

Virginie Barraud-Lange
Biologie de la Reproduction – CECOS. Hôpital Cochin, APHP.